J. GODIN à Bois -Colombes

Jacques GODIN - Affiche 2013

Du 11 mai au 1 juin 2013

AU GRAND GALOP … SOUS LE SOLEIL ET LA LUNE

« Las tierras, las tierras, las tierras de España… Jinete del pueblo que la tierra es tuya… » Un hymne comme un cri s’élève dans la nuit du poète Rafael Alberti. Debout, de noir vêtu, pour seules armes sa guitare et sa voix, Paco Ibañez chante l’Espagne. Celle de la rue, des « indignados » et de la « quince brigada » , celle qui vit, saigne, se bat, espère…
Rouge et Or, pays romantique par excellence, selon Théophile Gautier, terre de contraste, ombre et lumière, elle demeure à jamais liée aux flamboyances, aux révoltes, et aux passions de ma jeunesse. Elle est mon jardin secret des délices et mon inaccessible étoile.

A l’instar de Don Quichotte, « le chevalier à la triste figure », dans la folie de son errance, je me suis égaré dans les méandres du temps. Pour combattre les chimères et les moulins à vent, j’ai fui les archers de l’inquisition de l’art officiel, et me suis lancé dans la bataille à corps perdu, me confrontant à la peinture du passé, afin d’engendrer un rapport anachronique, m’approprier les œuvres, les digérer, les interroger. Il en résulte cette exposition à la galerie en Ré, sorte d’historicisation immédiate, clin d’œil singulier qui se refuse au pastiche et à la copie, mais relève davantage d’un hommage personnel à la peinture espagnole.

A l’abri des vents, dans la lumière de l’atelier, loin des modes du zapping des images soumises aux technologies contemporaines de la vitesse et de la productivité, je me suis attelé lentement à retrouver la sensation primitive, sans effet, sans épate, en cherchant les chemins de la perception intime. Revisitant les thèmes emblématiques de la sphère picturale hispanique (El Greco, Manet et Motherwell compris), j’ai modestement tenté de mettre mes pas dans ceux des maîtres, me dresser sur les épaules des géants pour voir plus loin, et d’en ressentir les vibrations intérieures, comme dans ces ruelles de Barcelone « que le soleil partage entre l’ombre et la plus intolérable blancheur pendant le jour » (André Pyère de Mandiargue, « La Marge »), où je me suis perdu, effacé du tableau, par une belle après-midi d’été « a galopar, a galopar, hasta enterarlos en el Mar ! »

Jacques Godin, Lesconil 16 avril 2013

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